Contexte environnemental
Doté de l'un des environnements les plus riches qui soient, le pays connait une explosion démographique et industrialisation croissante.
Les défis en matière de gestion des ressources naturelles, en particulier dans le secteur forestier, sont donc aujourd’hui cruciaux pour un développement durable de l'archipel et des populations locales.
UNE RICHESSE NATURELLE INCOMPARABLE

© Batang Toru Conservation

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© Matt Kieffer

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Avec sa géologie, sa situation géographique et son climat tropical, l’Indonésie figure parmi les régions du globe les plus riches et les plus surprenantes sur le plan de la biodiversité.
La ligne de Wallace divise le pays en 2 grandes régions écologiques. Anciennement reliées à l'Asie, les îles de Sumatra, Java, Bornéo et Bali sont dominées par une biodiversité asiatique tandis que la Papouasie, plus à l’ouest et ancienne partie de l'Australie, est le lieu d'une faune et d'une flore uniques proches de celles de l'Australie.
2ème hotspot de biodiversité au monde, l’archipel indonésien fait aussi parti des 17 pays mégadivers identifiés par l’ONG américaine Conservation International. L’Indonésie héberge ainsi près de 20% des espèces animales et végétales de planète. On y trouve 11% des plantes à fleurs, 12% des mammifères et 37% des poissons au niveau mondial.
Situé de part et d’autre de l’équateur, le pays possède également une quarantaine d’écosystèmes emblématiques : mangroves, plages de sables fins, forêts tropicales, récifs coralliens, savanes, etc. On y trouve plus de 150 volcans actifs dont le Kawah Idjen (Java) et le Marapi (Sumatra) considéré comme les volcans les plus dangereux au monde !
Grâce à cette mosaïque de paysages, 39% des mammifères, 25% des oiseaux et près de 80% des amphibiens seraient endémiques. Certaines de ces espèces sont emblématiques comme le babiroussa (B. babyrussa), le maleo (M. maleo), le dragon de Komodo (V. komodoensis), les plantes parasites rafflesia (Rafflesia sp.) ou encore le rhinocéros de Java (R. sondaicus).
Pour pallier au déclin de cette biodiversité unique, le gouvernement indonésien a classé depuis 2023 près de 22% des terres du pays en zones protégées. On y recense aujourd’hui 54 aires protégées, 411 réserves marines et 10 sites naturels et culturels classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, un record en Asie du Sud-Est !
Avec une surface boisée estimée à environ 90 millions d’hectares en 2020 (soit 10% des forêts tropicales du globe), l’Indonésie possède la troisième forêt tropicale du monde après l’Amazonie et le Bassin du Congo.
Les forêts indonésiennes constituent le dernier refuge pour des milliers d’espèces végétales et animales et fournissent de nombreux services vitaux aux communautés qui y vivent. Selon le Ministère de l’Environnement indonésien, entre 40 et 50 millions d’indonésiens dépendent directement aujourd’hui des ressources de la forêt pour vivre.
Véritables puits de carbone, elles contribuent à la régulation du climat mondial en absorbant le C02 présent dans l’atmosphère et en rejetant l’oxygène indispensable aux animaux et à l’Homme. Les forêts indonésiennes assurent également un rôle essentiel dans le cycle de l’eau tout en protégeant les sols et les bassins-versants.
L'Indonésie a l'un des taux de déforestation les plus rapides au monde, passant d’une couverture forestière de 87% en 1950 à 50% en 2020. Les forêts des basses terres, particulièrement riches en ressources et en biodiversité, sont les plus menacées. En 30 ans elles ont été presque toutes exploitées à Sulawesi et, à ce rythme, devraient disparaître d'ici quelques années à Sumatra et à Bornéo.
Cette déforestation massive a de nombreuses conséquences néfastes sur l’environnement et la vie humaine. Elle entraîne la destruction des habitats naturels et menace la survie de nombreuses espèces et des populations locales qui en dépendent. De plus, cela participe au changement climatique en augmentant les émissions de CO2 dans l'atmosphère.
La loi n°41/1999 est le principal instrument législatif qui régit la foresterie en Indonésie. Selon leur statut de gestion et degré d’utilisation, il existe trois grands niveaux de protection : les forêts de conservation (Hutan Konservasi - HK), les forêts de protection (Hutan Lindung - HL) et les forêts de production (Hutan Produksi - HP).
LES FORÊTS INDONÉSIENNES, UN POUMON VERT MENACÉ

© Erwin Adriawan Perbatakusuma

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LA PROBLEMATIQUE DE L'HUILE DE PALME

© Batang Toru Conservation

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Avec 13 millions d’hectares de culture de palmiers à huile et 30 millions de tonnes produites sur la période 2021-2022, l’Indonésie est le premier pays producteur mondial d’huile de palme.
Originaire d’Afrique de l’Ouest, le palmier à huile (E. guinensis) a été importé en Malaisie comme plante ornementale. Il a ensuite été cultivé pour son huile, avant de voir sa culture s’étendre et s’intensifier en Indonésie à partir des années 1960. Ses fruits et ses graines, riches en huile, sont aujourd’hui destinés aux industries alimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques et pétrolières.
Principale cause de la déforestation dans le pays, la conversion des forêts tropicales en plantations de palmiers à huile entraîne une fragmentation des écosystèmes et la perte d'habitats essentiels pour la vie sauvage. L'utilisation de pesticides et d’engrais pour les monocultures de palmiers contribuent aussi largement à la pollution des sols et cours d’eau.
Chaque année de nombreux incendies volontairement incontrôlés détruisent des centaines de milliers d'hectares de forêts. Les terres ravagées par les flammes sont ensuite cédées par l'État aux industriels de l’huile de palme. Les fumées toxiques issues de ces feux illégaux provoquent une importante pollution atmosphérique et des graves problèmes de santé sur la population.
L’expansion des palmeraies a aussi un impact direct sur les moyens de subsistance des populations locales et le respect de leur droit. Cette expansion génère des conflits sociaux et économiques, en particulier des litiges fonciers dus aux défrichements abusifs des industriels qui incitent la population à planter des palmiers sur leurs parcelles.
Si le business de la culture de l’huile de palme génère des emplois et des revenus pour les communautés locales, les conditions de travail dans les palmeraies sont généralement précaires et dangereuses et les droits des travailleurs peu voire pas respectés ! Plusieurs cas de travail d’enfants ont également été rapportés par des ONGs locales et internationales.
Outre la déforestation, l’environnement indonésien est confronté à de nombreuses autres menaces majoritairement liées aux activités humaines !
L'expansion galopante de concessions minières, notamment de charbon, d'or et de nickel, représente un impact majeur sur les écosystèmes forestiers du pays. Généralement peu respectueuse de l’environnement et dévastatrices, les méthodes d’extraction engendrent une pollution de tous les milieux et causent, chaque année, le déplacement de populations autochtones.
Le trafic animalier et le braconnage menacent également la vie sauvage en Indonésie ! Certaines espèces sont capturées illégalement dans la nature pour être vendus sur les marchés locaux ou directement mangés. D’autres espèces sont quant à elles victimes de la médecine traditionnelle asiatique ou exploitées par les industries pharmaceutique et cosmétique.
Avec environ 175.000 tonnes de déchets générés chaque jour dans l’archipel, les problèmes de gestion des déchets sont répandus en Indonésie. Les décharges à ciel ouvert, la pollution des cours d'eau par les déchets plastiques et la difficulté à mettre en œuvre des systèmes de traitement, recyclage et/ou valorisation efficaces contribuent à une crise croissante des déchets.
Le pays est vulnérable aux effets du changement climatique. La montée des eaux menace les zones côtières, tandis que la déforestation et les pratiques agricoles non durables contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. L’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes est également dévastatrice pour la population, la biodiversité et les infrastructures.
De plus, l’environnement indonésien est soumis à d’autres risques naturels, comme les éruptions volcaniques, les séismes et tsunamis ! Certaines régions de l'Indonésie peuvent aussi connaître des périodes de sécheresse prolongée, affectant l'approvisionnement en eau, l'agriculture et les écosystèmes.
UN ENVIRONNEMENT SOUS PRESSIONS CONSTANTES

© Andrew Taylor

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